Pierre Lebreton, aujourd’hui décédé, avait glané un grand nombre de photographies de conscrits sur la commune. La plus ancienne date de 1906.
Son examen minutieux révèle de multiples aspects oubliés de la vie alors.
Jean-Jacques Blain, novembre 2022
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Si le service militaire, alors de 3 ans, n’enthousiasmait pas les jeunes gens, le conseil de révision où se faisait la sélection préalable revêtait une grande importance pour eux. C’était un rite de passage à l’âge adulte. Rentrant du conseil de révision à Rennes, où ils avaient été convoqués pour leurs 20 ans, ils posent en groupe devant le photographe, fiers d’être qualifiés “Bon pour le service”. Le fanion, acheté pour l’occasion dans une boutique de Rennes spécialisée et accroché devant le chapeau, reprend cette formule, voire sa variante “Bon pour les filles”.
Où posent-ils ainsi ? Souvent, c’était à proximité d’un débit de boissons qui servait de quartier général au groupe pendant leurs festivités. En tout cas, on reconnait la structure des bâtiments traditionnels de la région, avec des murs en bauge sur assise de pierres et des ouvertures encadrées par des poutres.
La blouse est portée ici par tous les conscrits. Cet habit protégeait des vêtements principaux que l’on gardaient des années. La blouse est portée par les conscrits sur toutes les photos précédant la guerre 14-18. Après guerre, la blouse devint rare et, après 1920, les conscrits portent tous un veston noir, familièrement appelé le paletot. La guerre 14-18, immergeant une génération dans un nouvel univers, changea beaucoup d’habitudes, même vestimentaires.
Trois musiciens posent sur la photo avec un accordéon (au milieu en haut), un clairon (à gauche), un tambour (à droite). Ils accompagnaient le groupe lors de ses déambulations dans la commune.
Ces trois instruments étaient les plus familiers à l’oreille des ruraux d’alors. Le clairon, qu’un habitant avait appris à maîtriser lors de son passage à l’armée (il le tient ici d’une façon toute militaire), “claironnait” lors de manifestations officielles. Il eut son apogée dans l’environnement sonore des bourgs avec les sonneries au pied des monuments aux morts après la première guerre mondiale. Le tambour était-il celui du garde-champêtre chargé de crier les avis à la population aux quatre coins du bourg ? En tout cas, avec sa blouse et ses bacchantes, l’homme à droite en a tout l’air. Quand à l’accordéoniste, il est encore assez nouveau dans le paysage. Au XIXe siècle, c’est le violon qui régnait pour faire danser les Acignolais. Les accordéons commencent à se répandre dans le bassin de Rennes dans les années 1890, le supplantant progressivement. On ne trouve qu’une fois un violoniste sur une photo de conscrits d’Acigné, en 1921. C’était le chant du cygne de cet instrument en campagne.
Assis au milieu du premier rang, un notable trône. Était-ce le maire, Alain de Tréverret ?