Histoire d'Acigné

L’âge de bronze

Vers 2000 avant J-C, la découverte de l’alliage du cuivre avec l’étain permit le développement de la civilisation du bronze. On a trouvé dans le secteur des vestiges de cette première industrie métallurgique : une épée et des haches à Cesson, des bracelets à Acigné et Châteaugiron.

Les bracelets d’Acigné, en bronze, datent d’environ 1000 avant J-C. Ils ont été découverts au lieu-dit la Motte. Particularités : ils sont décorés de motifs géométriques et ce sont les plus lourds de l’âge du bronze armoricain actuellement connus. Ils sont exposés au Musée de Bretagne.

 

Bracelets de bronze (vers 1000 av.J-C) trouvés à La Motte d’Acigné.

 

Les Gaulois

Vers 800 avant J.C. les Celtes, habitant l’Allemagne du Sud, développent la métallurgie du fer et au cours des siècles suivants se répandent dans une grande partie de l’Europe. Les Celtes qui se fixent dans notre pays sont appelés les Gaulois.

En 1878 on a découvert dans l’allée du château des Onglées, une nécropole sous la forme de quinze urnes funéraires remplies de cendres et d’ossements calcinés, placées à côté d’un morceau de fer. Ces vestiges Celtes, de la civilisation dite des “champs d’urnes”, sont conservés au musée de Bretagne.

La tribu gauloise fixée dans le bassin de Rennes s’appelait la tribu des Redones (ou Riedones). Sa capitale, l’actuelle Rennes, se nommait Condate, ce qui signifie “confluent” en gaulois.

Le Chevré s’appelait alors la Voeuvre. Ce nom vient du gaulois Vobero signifiant « ruisseau caché ». Une prospection aérienne réalisée au cours de l’été 1996 a confirmé l’existence de sites gaulois sur Acigné, dont une enceinte cultuelle au Bas Breil et un enclos à fossé à Grébusson.

Taranis

Dans la mythologie gauloise, Taranis, dieu de la foudre, est, avec Esus et Teutatès, un des Dieux d’une prétendue triade celtique attestée par le poète latin Lucain. C’est un dieu des plus importants du panthéon gaulois. Son nom signifie « le tonnant » (tarann en breton et gallois).

L’époque gallo-romaine

Un contingent d’environ 3000 Redones partit secourir Vercingétorix en 52 avant J-C. En vain puisque celui-ci capitula à Alésia. Les Romains occupèrent alors la Gaule. Ils entreprirent très vite de construire des routes.

Nous retrouvons trace de l’ancienne voie romaine Rennes-Le Mans dans l’allée actuelle des Onglées depuis le pont Briand jusqu’au pont de Maillé. Il s’agissait d’une route secondaire, non empierrée, reprenant peut-être le tracé d’un chemin antique. Cette route continue à l’Est du bourg en direction de Broons, sous le surnom de « Vieux Grand Chemin ».

D’après Anne-Marie Rouanet, deux fundi – ou vastes domaines agricoles – auraient été exploités à l’époque gallo-romaine : l’un de 600 ha appelé Acigné et l’autre, voisin, de 300 ha, appelé Maillé. Hypothèses : Le nom d’Acigné proviendrait d’un fondateur romain appelé “Accinius” ou “Aquinius”, à moins que le radical Aqui- n’évoque tout simplement un lieu au bord de l’eau (un document carolingien de 779 mentionne un lieu nommé Aquiniacas villas). Le nom du bourg d’Acigné était transcrit Acciniacus en 1008.

Cultes et Christianisation

 

Saint-Martin
Saint Martin évangélisant le pays de Rennes.

Les Redones adoraient particulièrement le dieu Mars, dieu de la guerre, surnommé chez eux Mars Mullo (= Mars le Rouge ?), ainsi que Jupiter-Taranis, dieu de la foudre (Le lieu-dit Joval signifie en latin « lieu Jupitérien »).

C’est dans la seconde moitié du IVe siècle que Saint-Martin, ancien officier romain, évangélisa une partie de l’Ouest armoricain à partir de Tours. D’après une légende Saint-Martin lui-même vint sur son cheval blanc évangéliser Acigné et y détruire le temple de Mars Mullo, qui s’élevait là où se trouve l’église actuelle. On peut penser que ce furent plutôt ses disciples, au IVe ou Ve siècle. Une paroisse chrétienne se constitua et son église fut bientôt dédiée à Saint-Martin, saint alors très populaire. Son culte est généralement considéré par les historiens comme l’indice valable de l’ancienneté d’une église.

Saint-Martin n’est peut-être jamais venu en personne à Acigné, mais ses disciples ont certainement continué sa mission dans les campagnes de l’Ouest au Vème siècle. Et ils ont combattu les cultes païens précédents, comme celui d’honorer des arbres sacrés, ce que suggère l’étymologie du lieu-dit le Chêne-Dey, signifiant : le chêne-dieu.

Parallèlement des ermites achevèrent d’évangéliser les campagnes profondes. Il en reste probablement une trace dans la survivance d’une chapelle, dite chapelle Saint-Père, érigée primitivement au VIe siècle en pleine forêt de Chevré.

Bretons et Francs

A la chute de l’Empire Romain (en 476), la région de Rennes entra dans l’obscurité des périodes troublées. Il semblerait qu’elle soit restée la plupart du temps sous l’influence des Francs, incluse dans la Neustrie puis dans ce que l’on a appelé la “Marche” de Bretagne.

Cette longue influence franque explique sans doute pourquoi Acigné fait partie du pays « gallo » et non du pays bretonnant, même si les Bretons menèrent régulièrement des incursions dans les environs pendant le haut Moyen-Age (victoire des Bretons vers 595 contre les troupes du roi Childebert au lieu-dit Rallion, à quelques km au nord d’Acigné).

L’influence mérovingienne, puis carolingienne à Acigné est attestée par plusieurs indices. D’abord un document carolingien de 779 mentionne un lieu nommé « Aquiniacas villas », ce qui pourrait désigner Acigné. Or « villa » signifiait à cette époque « domaine rural » et a donné le mot « ville » accolé. Sur Acigné, nous avons deux lieux-dits : la Ville-Guy et la Ville-Aubrée. S’agirait-il là des 2 « Aquiniacas villas » dont parlait le document de 779 ? Peut-être, d’autant plus que les annales royales mentionnent en 799 le nom du comte Guy, alors chargé d’administrer la Marche de Bretagne…

Un autre indice est le culte ancien de Saint-Gorgon honoré au lieu-dit le Hil, qui signifierait « le houx » en ancien germanique. Saint-Gorgon était un officier romain, martyrisé lors de la dernière persécution anti-chrétienne en 303, sous Dioclétien. Il était invoqué contre les rhumatismes. Le culte de Saint-Gorgon fut impulsé au VIIIème siècle par Chrodegang (ou Godegrand), évêque de Metz, réformateur monastique et conseiller de Pépin le Bref (père de Charlemagne).